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GLUIRAS



SECTIONS DE BEAUVENE, DE ST-MARTIN ET DE GLUIRAS

Division de la commune de Gluiras

Projet de création d'une commune à Beauvène

Lu sur le site http://www.mairie-gluiras.fr/historique/beauvene.html
(Un moment important des longs débats qui ont duré, sur ce sujet délicat, près de 50 ans - Délibération du conseil municipal du 30/09/1892)

Monsieur le Maire expose qu'il a reçu une pétition de plusieurs habitants de la section de Beauvène demandant l'érection de cette section en commune distincte. Cette demande ne l'a pas surpris. Avec d'autres causes (sur lesquelles il y aura lieu de revenir), elle a été comme le dernier écho des élections municipales.

A la suite de 21 ans d'une paix communale absolue, alors qu'il n'y avait eu dans la commune que quelques querelles personnelles sans profondeur, des discordes sont survenues et la demande de la division de la commune avait connu une explosion soudaine à la suite de quelques querelles personnelles. Le maire a eu d'autant plus de regrets de voir naître ces divisions qu'il aurait pu sans doute les apaiser s'il été obligé de se rendre à paris comme député de l'Ardèche.

Ces divisions locales et peut-être un peu personnelles se sont traduites après les élections municipales dernières, par une demande d'érection de la section dite de Beauvène en commune distincte.

Il y a lieu d'examiner avec soin les faits qui se sont produits et les causes de dissentiments qui se sont fait jour et enfin leurs conséquences probables. M. Le Maire explique en outre qu'il avait espéré que la demande de partage de la commune resterait sans aucune suite. Il avait espéré que l'oubli des derniers tiraillements électoraux se produirait à bref délai.

Les intéressés se sont adressés à M. Le Préfet. M. le Préfet a décidé de faire procéder à une enquête. Il charge de la faire M. Brunel, maire de Saint-Pierreville et conseiller d'arrondissement. M. Brunel a cru bon de ne pas accepter la direction de cette enquête. Il habite ordinairement en effet la commune de Gluiras. Il est le beau-père du maire M. Clauzel, conseiller général et député. M. Burunel a ajouté que pour des raisons personnelles et ses liens de parenté, et en raison surtout de ce qu'il s'était prononcé souvent contre la division de la commune de Gluiras et notamment à la séparation de la section dite de Beauvène.

La séparation, suivant M. le maire, n'était admissible, pour des raisons qu'il expliquera ci-après, qu'autant que la séparation se ferait à l'amiable. Il avoue même qu'à un moment donné, trop court hélas, cette séparation lui avait paru possible. Les raisons de son opposition bien nette aujourd'hui ne perdront rien de leur valeur, puisqu'il aura fait voir qu'il était lui-même sans parti pris.

Excédé il y a quelques années, de sentir s'effriter une grande commune rurale. M. Clauzel a bien souvent pensé à laisser faire, laisser dire et à démissionner.

Il a cru qu'il était plus loyal et plus courageux de s'essayer à surmonter les difficultés. Il est donc resté à la tête de la municipalité, décidé à dire sa pensée toute entière.

La situation est selon lui la suivante dans la section de Beauvène et dans celles de Saint-Martin et de Gluiras : la commune de Gluiras compte 2800 habitants environ. Elle a 3600 hectares de superficie. Elle compte au survol de Fourbaux une altitude d'environ 800 mètres. Elle comprend l'un des versants de la Glueyre mais elles ne descend pas une altitude de moins de 500 mètres.

>La section de Saint-Martin comprend une portion conique assez longue mais étroite près du confluent de l'Eyrieux et de la Glueyre. L'altitude est comprise entre 220 et 500 mètres. La section dite de Beauvène s'élève à une altitude de 1000 mètres environ. Sur l'Eyrieux la cote majeure est d'environ 300 mètres. La section dite de Beauvène est donc comprise sur le promontoire du grand cône de Mézilhac à des altitudes comprises entre 500 et 1000 mètres.

Ce sont là, pour le dire en passant, des différences de niveaux excessives, aussi bien les populations de la section de Beauvène sont loin d'être unanimes pour demander la séparation de la commune.

Il en résulte que la séparation de la section de Beauvène n'amènerait aucun avantage puisqu'il resterait dans cette section le village de Chalan compris, des altitudes d'au moins 900 m alors que près de l'Eyrieux l'altitude ne serait que 300 m. Aussi n'est-il pas étonnant que les parties hautes de la section de Beauvène protestent énergiquement contre la séparation. Le conseiller municipal de Chalan, M. Thérond, qui avait d'abord accepté la division proteste énergiquement. Il en est de même de M. Michelon, conseiller municipal à Extrémianoux. (même section).

Par suite de la protestation de M. Clauzel qui habite aussi la section de Beauvène à Tournay, trois conseillers sur sept élus dans la circonscription protestent contre la division.

MM Coulet, Taboul, Royer et Riou qui habitent dans cette section respectivement à Beauvène, Pranouvet, Le Bâteau et la Chièze sont les conseillers qui demandent la division de la commune. Il faut considérer qu'ils habitent tous près de l'Eyrieux ou du ruisseau voisin du Talaron.

Il en résulte, et cela n'est pas éloigné de la vérité, qu'une moitié seulement de la section de Beauvène, la partie basse la plus rapprochée de la gare nouvellement créée de Chalancon, demande la séparation.

Tous les autres conseillers municipaux 17 contre 4 sur 21 sont hostiles à la séparation.

On peut estimer d'autre part qu'un sixième seulement de la population totale de la commune veut la séparation. L'enquête confirmera mes dires si les électeurs, ce qui n'est pas sûr, en arrivent à se passionner sur cette question. La situation et la configuration géographique de la commune donnent donc la clé de toute la situation.

La constitution du conseil municipal aurait certainement été modifiée par le choix des électeurs si la question s'était posée. Il n'y a pas lieu non plus de faire voir aux intéressés qu'ils y perdaient :

1°- la construction d'une école de filles qui deviendrait nécessaire à Beauvène exigerait au moins 11000 F que devant être payée intégralement par la section de Beauvène.

2°- la restauration du Pont de Chervil soit environ 4000 F devant être payée intégralement par la section de Beauvène,

3°- la section de Beauvène devrait payer seule la création d'un bureau de poste et de télégraphe, de la gare de Chalencon.

M. Le maire ne cite là que les principales charges qui incomberaient à la commune, sans parler de sa part des anciennes charges. Mais ce n'est pas tout.

Nous venons de voir qu'un sixième à peine de la commune demande la division. Les cinq autres sixièmes veulent garder la commune unie. Ils paraissent garder en cela un grand sens politique. Voici pourquoi.

Par suite de nous ne savons quelles conditions du passé mais qu'il serait sans doute possible de déterminer, les habitants de la commune de Gluiras sont répartis en maisons isolées et dans plus de cinquante hameaux de très peu d'importance. Aucun centre important, aucun village sérieux. Il y a là répandue une poussière humaine.

Le chef-lieu dit de Beauvène est un hameau sans importance. Il y a là l'église. Le temple est à Pranouvet en un lieu isolé. Extréminaoux, Avertoux et Chalan sont plus importants que Beauvène.

Dans la section de Gluiras et de Saint-Martin c'est la même chose. Le chef lieu de Gluiras où sont l'autre église et l'autre temple, compte 78 feux, Saint-Martin est à peine un hameau.

Tout cela rend l'organisation municipale bien difficile. Les trois sections n'existent que nominalement. Dans le cas où il y aurait séparation la section de Gluiras se disloquerait, il en serait de même des 2 autres sections. Chacune des sections tendrait à former des tronçons isolés, la section de Beauvène toute la première. La dite section jouit bien en effet d'un chemin de fer, mais l'autre partie a des intérêts bien différents de ceux de la première.

A Gluiras une portion de la section tendrait à se joindre à Saint-Pierreville. A Saint-Martin une partie irait à saint-Sauveur, donc par la suite tout tendrait à se disloquer peut-être en 5 ou 6 morceaux.

Les voies de communication nouvellement établies ont aggravé cette situation. Il s'est établi par la force des choses sur la route nationale 103 et sur le chemin de grande communication n°2 des sortes de marchés locaux. C'est une commune qui déborde dans tous les sens à l'extérieur. Les routes en croisement que nous avons établies n'ont pas changé cette situation. Aucun centre d'action prépondérant. Rien § C'est le néant et l'émiettement. Voilà la situation avec laquelle la municipalité a dû lutter pendant 20 ans.

Faire des chemins ! Nous y avons dépensé beaucoup d'argent. Il n'en existe pas assez encore.

L'ouverture prochaine du chemin du Pont de Chervil à Gluiras, l'amélioration du chemin de Gluiras à Saint-Pierreville, l'ouverture du chemin d'intérêt communal n°30 de saint-Sauveur-de-Montagut à Gluiras et à la montagne sont des œuvres de concentration.

Beaucoup a été fat et nous y avons gagné 20 ans de paix municipale. Le conseil municipal a fait l'impossible pour donner satisfaction à toutes les parties de territoire. Beauvène a eu sa part et en somme cette section n'a formulé aucune plainte.

La paix et l'union dans la commune restent encore une question de vie ou de mort pour l'avenir. Il nous faut le maintien d'une cohésion nécessaire ou il faut disparaître en ne laissant pour trace qu'une poussière de commune.

La municipalité a consacré ses efforts à conserver cette unité. Elle sera conservée quoi qu’en pensent certains habitants de Beauvène parce qu'il faut la conserver. Le Maire déclare qu'il abandonnera la partie plutôt que de prêter les mains à ce suicide.

Monsieur le Maire conclut ainsi qu'il suit :

En résumé la très grande majorité de la commune tient à conserver son unité. Elle est prête dans ce but aux plus grands sacrifices. Le principal grief formulé est la difficulté de certaines communications lorsqu'il s'agit surtout de tenir convenablement les registres de l'Etat civil.

Gluras, à 800 m d'altitude environ, Saint-Martin et la section dite de Beauvène, éloignés l'un de l'autre avec des différences d'altitude de 300 ou 400 exigent que l'on établisse l'Etat-civil dans toutes les 3 sections.

M. le maire est persuadé qu'en tenant compte du grand désir d'union de la commune, la mesure suffira.

Le conseil municipal,

Ouï les explications de M. le Maire, sans opposer à la mise à l'enquête de la séparation

BEAUVENE